Et voilà que je me gare sur un trottoir de Bordeaux et que j'y prend un P.V. à 230 francs. Qu'à cela ne tienne, le Maire de Bordeaux (qui n'est autre qu'Alain Juppé, ex Premier Ministre) ne peut pas être insensible à un entr'acte poétique dans ce monde de brutes ...
Voici donc la lettre qui m'a fait économiser 230 f. Car, c'est officiel, Alain Juppé a apprécié ces vers et m'a fait sauter la contravention.
A Monsieur Alain JUPPE
Maire de Bordeaux
Monsieur le Maire,
Marseillais d'origine, donc plein de préjugés
Pour la première fois, je me rends à Bordeaux.
La ligne des immeubles, alignés au cordeau,
Les portes et fenêtres, savamment ouvragées,
Sous le soleil de Mars, à la fois clair et froid,
Tout me laisse à penser que la ville n'est pas
Ce qu'on m'en avait dit. Et je règle mon pas
Sur celui des passants, ni pressés ni lambins,
Je vais de rues en Cours, je me mets dans le bain.
Rendez-vous étant pris au Musée des Beaux-Arts,
Je recherche une place pour garer mon auto.
Ayant prévu la chose, je m'y étais pris tôt.
A force de tourner, je me vois en retard.
Ne voulant pas laisser à son Conservateur
La mauvaise impression que quelqu'un de Marseille
Dont la réputation n'est pas une merveille,
Congénitalement ne peut pas être à l'heure,
J'avise un beau trottoir et j'y range mon char.
Je savais ce faisant, que je prenais le risque.
Qu'un agent de la Paix, mon auto me confisque.
Ce ne fut pas le cas, et comme un étendard
Sur mon clair pare-brise, le PV m'attendait.
Je voulais de Bordeaux ne garder que l'image
D'une journée de rêve, sans tache et sans nuage.
Et peut-être allez-vous, alors donc m'accorder
Pour cette fois seulement à titre exceptionnel
D'acheter quelques vers pour le prix d'une amende
Et de vous contenter d'un peu de réprimande.
Reconnaissant serais, de manière éternelle !
Ci-joint photocopie du P.V. en question,
M'en accorderez-vous l'exonération ?
J.-P. Cassely
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